Relaxation kézako ?

, par Marie-Claude Ozanne

Les techniques de relaxation sont nombreuses et chacune peut comporter des outils très divers. Elles peuvent être utilisées pour une grande diversité de cas et de situations.

Définition

Le terme "relaxation" vient du latin « relaxere » qui signifie relâcher, libérer.
Le but de la pratique de la relaxation n’est pas que ce soit simplement agréable ou confortable mais de donner à la personne des moyens pour développer ses capacités attentionnelles. C’est un moyen et non un but en soi, dans lequel les référents sont en soi : l’écoute des sensations, l’observation des ressentis et la conduite mentale contrôlée y sont les guides de chaque instant.

La relaxation comprend un ensemble de techniques permettant d’obtenir une réponse de relaxation, c’est-à-dire un état de diminution du niveau d’alerte, mesurable notamment par la baisse de la fréquence cardio-respiratoire et de la tension artérielle. Il en résulte une sensation de détente et de bien-être.

La relaxation est un outil trans-diagnostic qui va servir dans la prise en charge de nombreuses pathologies. Elle est aussi très utile dans une optique préventive afin de diminuer le niveau courant de stress de la personne, la rendant ainsi plus robuste aux divers stress quotidiens et moins vulnérable aux pathologies.

Elle fait partie des techniques à privilégier en matière d’éducation et de santé publique car elle contribue à la fois à l’acquisition d’un comportement constructif et au renforcement de l’organisation intime de l’homéostasie dans l’organisme.

Les techniques qui ont prouvé leur efficacité dans des études contrôlées sont :
- l’imagerie mentale (appelée aussi visualisation ou visualisation créatrice)
- la relaxation musculaire (avec des approches méthodologiques diverses)
- les exercices respiratoires (incluant la cohérence cardiaque, et pratiquées dans l’immobilité ou coordonnées à un mouvement)
- la méditation (les différentes formes de méditation).

La relaxation musculaire et les exercices respiratoires sont des techniques corporelles, tandis que méditation et visualisation sont des techniques mentales.

Très souvent on va amener la personne à orienter son attention sur son corps, soit pour y "écouter" les sensations présentes (c’est la réceptivité du Dr Roger Vittoz) soit pour imaginer qu’une chose particulière se passe dans telle ou telle partie du corps (il s’agit dans ce cas de l’émissivité contrôlée du même Roger Vittoz), afin de le décentrer de ses ruminations et autres pensées automatiques le plus souvent négatives, et de soulager sensiblement son cerveau et son système nerveux. On ne peut pas être stressé et relaxé en même temps !

On soupçonne de suite les bienfaits que ces pratiques peuvent apporter en cas de dépression, même sévère, aussi bien à titre de prévention que pour prévenir une rechute.


« En état de relaxation l’attention est occupée à parcourir le corps : les grands problèmes qui agitent le psychisme sont, en quelque sorte, bloqués, et les boucles de feed-back du cycle supérieur diminuent. Dans le même temps les muscles gagnent en hypotonie, les boucles du système inférieur deviennent aussi moins nombreuses ; la formation réticulée est désactivée progressivement, ce qui entraîne l’abaissement de la vigilance, jusqu’à un niveau qui peut être celui du sommeil. » (Michel Roy, Les techniques psycho-corporelles)

Les techniques de relaxation, fondées sur la capacité du corps de s’autoréguler (l’homéostasie), sont des anti-stress par excellence qui ont un rôle préventif ET curatif, donc une fonction à la fois prophylactique et clinique. Elles peuvent être utilisées de façon ponctuelle en cas de besoin, ou sur le long terme en tant qu’hygiène de vie amenant une diminution du stress endogène et une meilleure gestion du stress exogène par de nouveaux apprentissages comportementaux. « L’expression des gènes impliqués dans l’apaisement des réactions de stress se trouve améliorée chez les gens qui se détendent régulièrement, ce qui les rend plus résilients. » (Rick Hanson, Le pouvoir des petits riens)

Les différents types de relaxation
• La relaxation passive ou naturelle (origine orientale) qui met l’accent sur la réceptivité : approche axée sur l’écoute des sensations, observation de ce qui est
• La relaxation active (origine occidentale) qui met l’accent sur l’émissivité contrôlée :
-  sur le plan mental (imaginer, susciter un changement dans les sensations)
-  sur le plan physique (contraction, mouvement, massage…)
De même existent une visualisation passive (attention à ce qui se présente) et une visualisation active (production contrôlée d’images).

Petit inventaire des principales techniques
Les techniques de relaxation peuvent être variées à l’infini, aussi y en a-t-il beaucoup. Peu importe la méthode, pourvu qu’on ait l’ivresse (du résultat) ! Citons les plus connues :
• la relaxation progressive de Jacobson, invitant à centrer son attention sur des états de tension musculaire puis de relâchement provoqués
• le training autogène de Schultz, permettant un apprentissage de l’auto-relaxation par étapes
• la sophrologie créée par le Dr Caycedo, étymologiquement « science de l’harmonie de la conscience », la plus connue aujourd’hui du fait de la diversité de ses outils et de sa pénétration dans les milieux médicaux et sportifs
• l’eutonie de G. Alexander, approche très exigeante pour la concentration amenant à une conscience remarquable du corps
• la biosynergie de Y. et J. Ropars, méthode très complète fondée sur une progression structurée inspirée des travaux du Dr Vittoz et incluant des données énergétiques issues de la médecine traditionnelle chinoise
• la méthode Silva, visant à l’accroissement des capacités mentales par l’activation de l’hémisphère droit du cerveau.

Les techniques permettant une bonne relaxation physique et mentale sont suffisamment nombreuses et diversifiées pour que quasiment chaque personne, quel que soit son état de santé physique ou mentale, puisse en bénéficier. La mise en contact avec l’inconscient à travers un état modifié de conscience en position allongée, qui peut être à proscrire totalement dans certaines pathologies mentales notamment, n’est pas un passage obligé, ou peut être dosée et bordée de façon plus ou moins importante par le praticien ou l’enseignant.
Nous avons tous par ailleurs des pratiques spontanées de relaxation et elles sont à conscientiser et à privilégier.

Modalités d’action
Sans prétendre à l’exhaustivité ni entrer dans des considérations médicales complexes, on peut lister quelques réponses à la question « comment et pourquoi les techniques de relaxation agissent-elles ? »
Cela donne par exemple :
-  la mise au repos du corps (notamment en position allongée) en même temps que la mobilisation de la pensée vers un but au service de soi-même
-  le rééquilibrage de la réceptivité (amplifiée) et de l’émissivité (contrôlée)
-  l’action conjuguée des techniques sur les "trois cerveaux" et leur incidence sur le rééquilibrage des deux hémisphères cérébraux
-  l’action sur les ondes cérébrales et l’hypo-excitation induite du système nerveux
-  l’action sur le système neuro-végétatif et le rééquilibrage du système sympathique
-  l’action sur le système hormonal dans son ensemble et notamment sur les acteurs intervenant dans la réponse au stress
-  une action conjuguée aux différents niveaux de l’être (cf. doc. Action de la relax + Bénéfices et effets) :
• physique : musculaire et structurel – physiologique et neurophysiologique - sensoriel - fonctionnel - somatique – énergétique
• psychologique : émotionnel - affectif - relationnel
• mental : pensées - représentations - jugements
• spirituel : sens - valeurs - aspirations

Modes d’exercice
La relaxation se pratique en séances individuelles ou en cours collectifs.
Au départ pratique accompagnée, il est souhaitable qu’elle devienne au moins en partie une pratique autogérée, d’où la nécessité que le pratiquant apprenne à manier lui-même certains outils.
Reste la question de savoir avec qui et où pratiquer…